Le 10 novembre dernier, Violette Dorange, la benjamine du Vendée Globe 2024, prenait le large. Face à elle, ses 39 concurrents quittaient également les Sables d’Olonne pour entamer la plus grande course à la voile autour du monde, en solitaire, sans escale et sans assistance.
Depuis son plus jeune âge, la charentaise navigue dans l’espoir de pouvoir un jour participer au Vendée Globe. Elle intègre l’équipe de France de voile légère, traverse la Manche, le Détroit de Gibraltar et participe à trois éditions de la Solitaire du Figaro, antichambre du Vendée Globe, où elle termine à la 10e place en 2022.
“C’est vraiment le départ vers l’inconnu total.” Si la skippeuse de 23 ans ne manque pas d’expérience, c’est son premier “Everest des mers”. “Forcément, j’appréhende […] mais d’un autre côté j’ai hâte de savoir ce que c’est que d’enfin passer par ces passages mythiques où très peu d’humains sont allés naviguer.”
Le sourire aux lèvres et ses cheveux blond retenus en une queue de cheval, elle entame le parcours de 45 000 kilomètres en s’élançant dans l’Atlantique nord. Sous les encouragements de la foule et un grand soleil, elle commence sa descente dans les meilleures conditions. Les choses ne se compliquent qu’au Pot au noir, caractérisé par l’instabilité des vents, mais après le passage de l’Équateur, c’est le retour du beau temps… qui ne durera pas éternellement.
Au Cap de Bonne Espérance, elle doit affronter sa première dépression australe : les rafales sont puissantes et la houle a une amplitude de 5 à 6 mètres. Violette vit une de ses pires journées du Vendée globe. “C’était une zone que j’appréhendais beaucoup parce qu’on récupère les vents très violents des mers du sud : la mer y est infernale.”
“L’entrée dans le Pacifique m’a beaucoup marquée : c’est la première fois qu’on a eu du calme en 15 jours.” Pas question de se relâcher pour autant, après le passage du point Némo, le plus éloigné de la civilisation, les growlers, des fragments d’iceberg pourraient détériorer le bateau.
Au passage du Cap Horn, la tempête fait rage, impossible de trouver une route sûre : elle prend la décision de ralentir et laisse ses concurrents prendre de l’avance. La dernière étape du Vendée globe, la remontée de l’Atlantique, n’a pas été la plus aisée : le bateau commence à être usé, elle rencontre problème technique sur problème technique.
Une heure avant l’arrivée, elle commence à être suivie par des bateaux de personnes venues l’encourager. L’entrée dans le chenal des Sables d’Olonne se fait sous les cris de joie. Arrivée à la 25e place sur 40, il lui aura fallu 90 jours, 22 heures et 37 minutes pour boucler son premier Vendée Globe et devenir la plus jeune navigatrice de l’histoire à terminer cette course.